Agriculture et exploitation agricole durables (Zahm et al., 2015)
L'agriculture durable
Nous proposons le texte ci-dessous comme introduction à l'agriculture durable :
L'agriculture durable
"Une agriculture durable est une agriculture écologiquement saine,économiquement viable, socialement juste et humaine. Elle contribue d’une part à la durabilité du territoire dans laquelle elle s’ancre par la multifonctionnalité de ses activités et d’autre part à la fourniture de services environnementaux globaux qui répondent aux enjeux non territorialisables du développement durable." Zahm et al., 2015. Innovations Agronomiques 46 (2015), 105-125
L'exploitation agricole durable
"Une exploitation agricole durable est une exploitation agricole viable, vivable, transmissible et reproductible inscrivant son développement dans une démarche sociétalement responsable.
Cette démarche renvoie au choix de l’agriculteur, quant aux effets de ses activités et de ses modes de production, sur le développement et la qualité de vie des parties prenantes ancrées sur son territoire ainsi qu’à sa contribution à des enjeux globaux sociétaux non territorialisables (lutte contre le changement climatique, sécurité alimentaire, etc.). Son développement s’appuie sur cinq propriétés : capacité productive et reproductive de biens et services, robustesse, ancrage territorial, autonomie et responsabilité globale". Zahm et al., 2015. Innovations Agronomiques 46 (2015), 105-125
Les 5 propriétés d'une exploitation agricole durable
Comité scientifique IDEA, 2015
L'ancrage territorial d’une exploitation agricole correspond à sa capacité à contribuer à un processus de coproduction et de valorisation de ressources territoriales. Il caractérise également la nature et l'intensité des liens marchands et non marchands que l’exploitation agricole construit avec son territoire, ses habitants et ses acteurs, son groupe social de vie.
L’autonomie d’une exploitation agricole correspond à sa capacité à produire des biens et des services à partir de ses ressources propres (intrants, ressources humaines et autres facteurs de production), à disposer de sa liberté de décision, à développer des modes d'action permettant de conserver son indépendance pour assurer son développement, à être le moins dépendant possible des dispositifs de régulation publique (aides, quota, etc.) ou de financements extérieurs.
La capacité productive et reproductive de biens et services d’une exploitation agricole correspond à la capacité d'une exploitation agricole à produire et à reproduire dans le temps long, de la manière la plus efficace possible, une production atteignable de biens et de services, sans dégrader sa base de ressources naturelles et sociales.
La robustesse d'une exploitation agricole correspond à sa capacité à s’adapter à différents types de fluctuations (environnementales, sociales, économiques), à des conditions nouvelles et à supporter des perturbations/chocs externes. Elle intègre de façon englobante les concepts de résilience, d'adaptation et de flexibilité pour signifier une continuité de l'exploitation à travers un changement plus ou moins global. Par social, on entend notamment l'environnement législatif et institutionnel.
La responsabilité globale d’une exploitation agricole correspond au degré d'engagement de l'exploitant dans une démarche qui traduit comment sont pris en compte par l'exploitant les impacts environnementaux et sociaux dans ses choix de pratiques et activités. Cet engagement se structure autour de valeurs renvoyant à l'éthique et à l'équité, il dépasse une approche strictement autocentrée sur l’exploitation agricole et s'analyse également aux niveaux d'organisation ou d'échelles supérieures pour lesquelles les activités de l'exploitation agricole ont des conséquences. Elle renvoie aux effets de ses activités sur la qualité de vie territoriale, sur le bien-être de l’exploitant et de sa famille, de ses salariés et des animaux mais également aux effets de son mode de production sur les consommateurs et sur des enjeux sociétaux globaux tels que le changement climatique, la qualité de l'air, les questions sanitaires, la consommation de ressources non renouvelables, la déstabilisation potentielle d’agriculture vivrière ou paysanne des pays du sud, etc.
La durabilité forte d’IDEA
La méthode IDEA est fondée sur le principe de la durabilité forte, où il n’y a pas de substituabilité entre capitaux naturels et autres formes de capitaux (Boutaud, 2005).
Dans cette approche écosystémique, les problèmes sociaux et les problèmes environnementaux ne peuvent pas être réglés par la mise en place d’instruments économiques (taxation, subventions, quotas) et par le progrès technique.
Cette vision implique une refonte profonde de la filière (intrants, aval, évolutions techniques), et mise sur une nouvelle relation avec le consommateur qui s’engage dans la production. La dimension sociétale est fortement centrée sur l’alimentation. La méthode IDEA s’inscrit dans le paradigme de l’agroécologie forte.
Les périmètres de durabilité
La méthode IDEA questionne deux échelles de durabilité :
(i) la durabilité restreinte qui qualifie les objectifs autocentrés de l’agriculteur correspondant à ses facteurs internes de durabilité
(ii) la durabilité étendue (de niveau 1 et 2) qui identifie les objectifs sociétaux d’une exploitation agricole contribuant au développement durable à des échelles ou niveaux d’organisation plus englobants (territoire, collectivité, pays, reste du monde).