Un peu d’histoire : l’origine du « projet IDEA » (1996) initialement coordonné par Lionel Vilain jusqu’en 2011 est issu d’une double demande de la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche du Ministère de l’Agriculture : (i) sensibiliser des exploitations volontaires à la notion de durabilité en les amenant à réfléchir sur leurs propres pratiques et (ii) rendre concret et opérationnel le concept de durabilité d’une exploitation agricole pour permettre son enseignement. Ce projet s’est initialement appuyé sur un groupe de chercheurs d’horizons pluridisciplinaires (INRA, Cemagref), d’enseignants chercheurs de l’enseignement supérieur agronomique (Agrocampus, AgroSup Dijon, Bordeaux Sciences Agro), d’ingénieurs d’Instituts Techniques (ADEME, Arvalis, CTIFL et IDELE), de la Bergerie nationale (Rambouillet) et d’acteurs du développement agricole dont la composition a évolué au fil du temps pour donner lieu au Comité Scientifique actuel.
Aujourd’hui, la finalité initiale du projet s’est élargie. Si la méthode IDEA4 reste un outil pédagogique au service de l’enseignement agricole (technique et supérieur), sa version 4 a été développée pour prendre en compte les nouveaux usages et nouvelles demandes. À savoir (i) permettre aux conseillers et agriculteurs d’identifier, à partir d’un diagnostic de durabilité, les leviers d’action et effets des changements sur les différentes composantes de la performance globale (niveau de durabilité) en s'appuyant sur une double lecture (les 3 dimensions et les 5 propriétés de la durabilité), (ii) permettre aux agriculteurs engagés (ou qui souhaitent s’engager) de s’appuyer sur une méthode innovante et robuste pour rendre compte de la performance globale du processus de transition agroécologique qu’ils mettent en œuvre et conduire un management stratégique de leurs exploitations agricoles vers la durabilité, (iii) permettre aux agriculteurs ou animateurs de groupe de disposer « d’outils » transparents et accessibles pour accompagner le suivi/évaluation de projets de développement, en s’appuyant sur un regard extérieur (le diagnostic individuel et l’analyse de groupe), (iv) accompagner les démarches et initiatives locales de transitions agroécologiques et alimentaires portées par de nombreuses structures (collectivités, chambres d’agriculture, associations, syndicats d’eau potable, etc.).
Le mode de fonctionnement du Comité Scientifique : pour conduire les travaux de la version 4 actuelle, le Comité Scientifique a été renouvelé en 2011. Il a structuré ses travaux autour de deux principes : une interdisciplinarité élargie (agronomie, zootechnie, économie rurale, sciences de gestion, géographie, sciences d’une alimentation durable, informatique et statistiques) et un croisement des regards s’appuyant sur la diversité des membres issus des différents secteurs d’activités (Recherche, Enseignements supérieur agronomique ou technique agricole, Instituts Techniques, Développement agricole, agriculteur(trice)s). Cette richesse est à la base de la démarche des travaux conduits par le Comité Scientifique : croiser les regards et prendre en compte la vision globale et transversale de la durabilité de l’agriculture, dans ses différents niveaux d’organisation, avec ses interactions aux différentes échelles spatiales, en fonction de ses enjeux et objectifs territoriaux, mais aussi globaux. C’est ce processus de recherche interdisciplinaire, mais aussi transdisciplinaire qui a permis la formalisation du nouveau cadre conceptuel de la durabilité d’une exploitation agricole tel que développé dans la version 4 de la méthode IDEA.